La trame sonore & name dropping.
Ça a commencé assez vite autant que je me souvienne, cette connexion aux sons.
Il y avait cette tourterelle qui chantait (plutôt près de la chambre de mon frère) lorsque nous habitions encore en Normandie.
Je ne savais pas que c’était une tourterelle dite Turque.
C’était à la fois une présence car elle était toujours là (contrairement à mes parents), pourtant ce chant m’inquiétait.
Qu’y avait-il pas si loin de cette fenêtre, dans le noir ?
Cette période d’enfance est d’ailleurs pratiquement noire dans tous les sens du terme.
La mémoire à cette capacité de mettre les souvenirs douloureux de côté, en sommeil plutôt.
C’est un mécanisme de protection que le cerveau met en place, nécessaire à la survie.
(Sur le cerveau , la méditation cf là)
C’est comme vivre sa vie avec un fantôme qui nous habite, on le sait, on le sent.
Ce n’est pas évident de le voir ni de le comprendre au début, quand ça se réveille, ça l’est.
Adolescente j’écoutais en boucle les suites de Bach, principalement joué par Glenn Gould.
Par la suite, j’ai préféré la douceur de l’interprétation de Sviatoslav Richter, c’est comme si les sons coulent littéralement de ses mains.
Je pense aujourd’hui que Bach comme d’autres compositeurs ont la capacité de guérir, de parler à l’esprit au-delà des souffrances.
C’est comme une pluie de sons qui vient se loger et poser sa semence, qui éclot quand c’est le moment.
Je l’ai vécu de façon physique lorsque j’ai fait un stage au centre Alfred Tomatis, docteur en médecine.
Une douche de sons a littéralement mis toutes mes cellules en vibration, comme une grâce.
La grâce efface tout, presque.
J’ai lu les livres de Tomatis qui résonnaient et éclairaient avec une évidence des questionnements, des questions jusque là restées sans réponse.
“ L’oreille électronique inventée par Alfred Tomatis, était très utilisée par les chanteurs d’Opéra ( La Callas y est venu par 2 X ), les acteurs,et les personnes qui voulaient apprendre une langue.
C’est en tant que comédienne que j’ai fait mon passage dans son centre.
J’apprenais aussi l’Anglais grâce à sa méthode.
En réalité, si on n’entend pas la fréquence d’une langue, il est beaucoup plus difficile de la parler.
C’est la même chose pour sa propre langue.
Le verbe, le langage est la conséquence de la clarté d’écoute.
Je me suis fascinée pour la cochlée et sa forme rappelant la Fibonacci sequence, ses petites cavités comme des touches d’orgues.
C’est notre professeur de théâtre Jean-laurent Cochet qui nous invitait à suivre un stage chez Tomatis.
J’étais en duo avec Monica Bellucci, elle était belle et timide, j’étais sauvage et torturée.
Le processus ne marchait qu’avec Mozart et les chants grégoriens, avec Bach non.
“Mozart est un magicien, un guérisseur, l’unique musicien que tous les peuples du monde accueillent spontanément.”
Erik Satie, Chostakovitch, faisaient partie aussi de ma compilation avec les Strangers, the Smiths que j’ai eu la chance de voir en concert, comme Michael Jackson.
J’ai commencé le piano assez tôt, j’ai toujours eu une attirance pour cet instrument, mes parents avaient un piano à queue dans le salon de Normandie. Il m’impressionne beaucoup, les sons étaient puissants et je rêvais de pouvoir un jour jouer de façon fluide.
Pour ma mère c’était juste un meuble qui avait appartenu à ses grand parents, avec des bougeoirs en argent dessus.
Je n’avais pas le droit d’y toucher.
Mon père jouait un peu, je crois qu’il pouvait improviser assez facilement, même si son instrument de prédilection était le violon.
J’ai toujours vu son violon dans le placard, un peu comme ses rêves.
Je trouvais ça triste et je lui demandais souvent de jouer, il avait un petit sourire, comme une excuse, je ne comprenais pas.
Il avait fait de la sculpture aussi pendant la guerre en sus de faux papiers pour les gens.
Il a dû reprendre la société familiale, au fond il était artiste et n’a jamais osé suivre sa vision.
Quand nous avons déménagé à Paris vers 1976, c’est là que j’ai commencé le piano je crois, c’était une époque confuse, mes parents se séparaient, j’arrivais dans une grande ville, une autre école ect.
Le piano était mon air frais. Très vite, je pouvais voir et entendre la suite des notes avant de les jouer ou même de connaître la partition.
Mon professeur de piano n’était pas gentille,( c’est assez classique), femme frustrée, méchante, dure, elle me tapait sur les doigts, elle mettait une régle carré sur chacune de mes mains et je devais jouer sans les faire tomber sinon bing. J’ai eu le même genre de professeur en pension aux Oiseaux à Verneuil en 6eme.
A la maison, dès que je me mettais au piano pour travailler mes morceaux, j’étais moquée.
Difficile de persévérer dans ces conditions. Comme mon père, j’ai fini par mettre mon rêve au placard.
Pourtant dans mon esprit j’imaginais un piano de rêve duquel émanait des couleurs à chaque fois qu’on l’on y jouerait. Comme si à chaque son correspondaient une couleur, créant ainsi une partition colorée .
Je n’avais pas encore lu L’écume des jours de Boris Vian et plus tard son piano cocktail fut pour moi une évidence. J’imaginais des symphonies de couleurs dans l’espace créant des formes géométriques.
Le peintre Blanc-Gatti tentait d’établir des concordances entre les vibrations sonores et les vibrations lumineuses, à retranscrire dans sa peinture les ondes sonores, leur fréquence et leur mouvement .
Cf article “ de la nécessité de l’art dans la vie”
C’est comme un savoir ancien, une mémoire lointaine.
Ma mère nous disait qu’un compositeur formidable vivait juste en dessous de chez nous dans le 9eme à Paris. Formidable pour elle c’était qu’il jouait à l’église, c’était un organiste, il composait.
Y aller tous les dimanches, à l’église, ce n’était pas ce que je préférais, donc je ne m’y suis pas vraiment intéressée à ce compositeur, j’étais petite aussi.
Je crois que comment transmettre est essentiel pour un enfant.
L’intéresser aux choses, aux êtres, à la puissance créative , l’inviter à explorer l’inconnu au-delà des formes , des dogmes et des projections sociales.
C’est ce que je tente de faire avec mes filles, leur partager ” la moelle “ d’un auteur, d’un compositeur, d’un artiste, et je les invite à expérimenter la substance de la vie sur tous les plans.
Elles ont leur expérience à vivre et celà peut aussi être en réaction néanmoins être mère, père , parents c’est être avant tout bienveillants, être à l’écoute des dons qu’il pourrait avoir pour l’accompagner.
A l’église, ça sentait le “qui à vu qui “ du quartier et d’une manière générale complètement déconnecté de ce que je pouvais sentir au fond de mon être, “ à l’idée de Dieu”.
Bref Olivier Messiaen vivait en dessous de chez nous, au 3eme étage.
Un des plus grands compositeurs Français du 20e siècle.
J’aurai tant aimé l’avoir comme professeur de piano. Si je lui avais partagé mes visions, il m’aurait peut-être prise sous son aile.
Sa créativité à sûrement traversé le plancher !
Bien sûr que tout ces manques ont créé d’énormes frustrations , de la colère et de la rage qui ont été mon fuel pour avancer, me libérer, et reconnaître “le fantôme”.`
Je vous aide à déceler “ce fantôme” qui agit à votre place et derrière lequel se cache encore votre vision.
Olivier Messiaen était certes fervent catholique et jouait de l’orgue à la Sainte Trinité à Paris.
Il avait cependant une approche, je l’ai découvert plus tard, complètement avant gardiste et en lien avec ce que je pouvais ressentir et vivre intérieurement au 4eme étage.
Il voyait les couleurs lorsqu’il jouait du piano.
“Lorsque j’entends, ou lorsque je lis une partition en l’entendant intérieurement, je vois intellectuellement des couleurs correspondantes qui tournent, bougent, se mélangent, comme les sons tournent, bougent, se mélangent, et en même temps qu’eux. Il ne s’agit pas d’une vision oculaire, dans le genre de ces fantasmagories dangereuses et monstrueuses que sont les hallucinations colorées provoquées par la mescaline (alcaloïde extrait d’un petit cactus mexicain, Echinocactus williamsii ou Peyotl. “ Traité de rythme, de couleur et d’ornithologie.
Pour avoir travaillé pendant plus de 10 ans avec les plantes maîtresses de l’amazonie , du désert mexicain et d’Afrique à partir de 2000, je peux dire qu’il y a un passage qui se fraye au- delà des visions “fantasmagoriques , dangereuses et monstrueuses “ dont parle Olivier Messiaen. Cf article
C’est lors de cérémonies que j’ai découvert le son du tambour et des hochets. Le tambour jour tout seul si on le laisse. Il n’y a pas d’intention de jouer, c’est l’esprit qui joue. Ca a été très spontané et m’a beaucoup soulagé de n’avoir rien à faire pour que la “musique” se fasse. Des sons guérisseurs qui connectent avec une mémoire ancienne .
Il y avait aussi les icaros, le souffle du chaman et des esprits.
Les sons dans l’appartement étaient plutôt des cris, des insultes et des coups, mon frère était turbulent, ma mère violente.
Finalement je suis retournée en pension pour me muter dans le silence.
Un silence sombre.
J’avais déjà fait l’expérience cauchemardesque de l’école des Oiseaux en 6eme sous les conseils de mon pére et de sa nouvelle femme.
Parfois on peut choisir son cauchemar.
J’ai commencé à fumer des joints et à écouter Joy Division.
J’avais rencontré lors de l’été précédent un très beau jeune homme qui était venu me chercher chez mon père sur la côte d’azur avec son ami qui m’avait dragué je ne sais plus où. Coup de foudre.
Je ne vais pas dire leur nom car au fur et à mesure que j’écris je réalise que beaucoup sont connus, je ne suis pas trop name dropping, juste un peu . C’est plutôt moi qui suis “dropped” là par hasard ..
Il était le petit fils d’une grande maison d’édition et il m’avait offert tout un tas de livres.
J’ai lu, beaucoup lu pendant cette année et derrière les mots je cherchais à me reconnaître.
Notre idylle à duré un temps , il m’a amener dans des endroits mythiques, chez sa grand-mère une femme de renom. Il m’a appris à conduire avec sa coccinelle bleue nuit, il m’écrivait des poèmes…
C’était le temps du Caca’s club à Paris, c’était un de ses fondateurs.
Un milieu trés entre soi.
Je me sentais perdue dans ce monde chez Castel, au Palace , alors je dansais.
Ils étaient tous à l’époque tous ces fils de… à particules.
Je souffrais trop et malgré moi mon fantôme attirait des personnes toxiques qui ressemblaient à ce que j’avais vécu au sein de “ma famille”.
Ce beau jeune homme a fini par “me lâcher” à mon grand désespoir. Nous nous sommes revus,un peu, puis bien après. Je n’ai pas été capable de lui parler de ma vie, de tout ce que j’avais fait ce temps écoulé.
Lui aussi a eu un dur parcours de vie, s’est soigné, à écrit des livres, fait des films..
Après la pension , je suis revenue à Paris puis je suis partie de chez moi.
Trop de bruit.
J’ai eu par la suite la chance de rencontrer des gens formidables qui m’ont fait découvrir la musique, l’Art, l’amour.
Quand une force puissante vous pousse à avoir le courage de dépasser la loyauté envers le clan familial, l’univers s’ouvre.
Mon père était encore vivant et avait de beaux moyens, PDG d’une entreprise familiale en Normandie.
Il m’aidait financièrement, me donnait de l’argent tous les mois. Sous l’emprise de ma mère , je devais le lui reverser, j’ai fait ça un temps par peur puis j’ai eu la force d’arrêter.( Elle m’a rattrapé plus tard .)
A venait de perdre son père, un grand philosophe. Amoureuse, je vais vivre chez lui. Sa mère adorable l’accueille volontiers.
Mes amis de l’époque étaient très portés sur la philosophie. J’étais en lettre à la Sorbonne, eux en philo.
Nous avions des conversations autour de Kant et Hegel, F. Midal en faisait partie, drôle aujourd’hui de voir ce qu’il est devenu.
Je me souviens de ses tortures mentales vis à vis de sa mère, étant juif s’intéressant au bouddhisme voulant s’y convertir et lui annoncer qu’il était gai.
Qu’est ce qu’on a rit. Je n’ai pas lu ces livres et je ne sais pas s’il “ a fait tout ça “.
En tout cas, il n’a pas eu peur de suivre sa vision pour être ce qu’il est aujourd’hui , que l’on aime ou pas.
Chez A, la musique était toujours présente.
J’ai découvert l’Opéra que sa mère, écrivaine et actrice passait en boucle. Chez eux, c’était beau et doux.
Il y avait du velours et de la soie partout. Dans le salon il y avait une grande fenêtre d’au moins 3 mètres de haut et de large qui donnait sur un jardin. Les fenêtres sur rue étaient en verre soufflées et plomb. J’aime le raffinement, la beauté vraie .
Sa mére avait décoré l’appartement comme au 19eme. Elle s’habillait aussi de cette façon. J’avais l’impression d’être dans un film, dans une histoire merveilleuse.
Bien sûr je ressentai le chagrin que tous deux pouvaient éprouver à la perte de ce grand homme.
Je m’efforçais de ravaler le mien pour eux. Il disait que j’étais leur soleil.
Je suis allée au festival d’Avignon, voir des opéras dans les arènes d’orange, à Paris.
J’ai rencontré la “gauche caviar” dans des soirées chez des personnes connues du cinéma, lors d’ avant -premières , des hommes politiques pour des brunchs où drinks cocktail au café Beaubourg que les Costes venaient d’ouvrir.
Je connaissais bien Gilbert par un autre intermédiaire, on rigolait beaucoup.
Sacré ascension pour ces frères venant de l’Aveyron.
Ils ont suivi leurs rêves sans hésiter à changer de capte là où on les attendait.
Une forme libre.
C’est ce que je sentais au fond de moi, cette forme libre.
Et la musique, les sons accompagnent cette vie, les plats concoctés avec amour par A.
Partir de façon physique est le premier pas, laisser partir de soi est tout un chemin.
C’est en cela que j’accompagne mes clients.
A mes 18 ans mon père m’achète un appartement, la peur au ventre je signe, je vis là dans le marais. Je voulais être près de cette place des Vosges et loin du 9eme.
On avait été au Brésil avec A, là-bas j’ai entendu la musique autrement, la musique de cœur. Les sons faits avec rien, avec tout , l’amour.
Je voulais vivre au Brésil, loin, entouré de cet amour, de cette spontanéité, de cette simplicité. La peur au ventre je rentre en France, je m’inscris en Histoire de l’art. La fac me déprime, j’ai des boutons de fièvre partout, je suis spasmophile.
Je me sentais si seule , si vide. A est là, la relation s’étiole.
J’écoute Bach, je continue mes cours de théâtre au conservatoire du 11e.
J’arrête la fac, je déménage, on se sépare, là encore le fantôme me rattrape avec une relation toxique.
A Montmartre j’ai un petit duplex, il y a trop de bruit car il est en face d’escaliers que des hordes de personnes descendent. Mon père était là , il a bien voulu “mon caprice”, plutôt mon désespoir.
Je voulais qu’il m’aime autrement qu’en me donnant de l’argent. En me serrant dans ses bras, en écoutant mes peines, s’il avait pu, il l’aurait fait.
J’arrête la fac, je m’inscris chez Vera Gregh, le théâtre, la faune, l’alcool, la drogue, tout ça X 7 ans.
Vera Gregh avait une voix impressionnante avec ses 3 paquets de gitanes qu’elle fumait pendant les cours.
Plein d’acteurs sont passés chez elle. La plus connue est Juliette Binoche, je n’aime pas trop son jeu.
Vera hurlait pour s’exprimer ou guider un acteur sur scène, j’aime bien c’était plus que vivant même si effrayant.
Parfois il faut du bruit pour ne pas entendre la souffrance, le théâtre m’a aidé à ça.
La musique ce sont les soirées à gogo chez moi, ça devient le last minute spot.
Des groupes comme Le cri de la mouche passaient, c’était l’époque de l’hôpital éphémère .
Il y avait de la drogue, de l’alcool, je me sentais envahi mais je laissais faire, il ne fallait pas que je souffre. Endormir encore ce qui sommeillait déjà.
Une relation toxique en entraîne une autre. On peut aller loin dans le sombre même en en ayant conscience.
J’écoutai Schubert la jeune fille et la mort, la symphonie inachevée et Chopin qui me promettait un avenir meilleur.
La conscience change tout, car un jour on ne peut plus faire autrement que de tout stopper.
C’est ce que j’ai fait.
Le son de l’épée de Damoclès m’a réveillé.
Stop, fini tout ça, je veux être seule.
Je me souviens de cette musique que j’aime beaucoup et qui sortait d’un jouet dont on tournait un bouton.
Ca faisait : “ Row row row your boat gently down the stream, merrely merrely merrely, life is but a dream”.
C’est tout à fait ça, un rêve, s’asseoir sur la berge et regarder l’eau couler, du repos.
Je rencontre le père de ma première fille, il est peintre.
Je change de cours de théâtre, je suis reçu chez Jean-Laurent Cochet.
Je respire.
Je bois ses cours comme de la manne.
J’y vais comme j’irai à la messe, une messe pleine de sens.
J’apprends, je lis et relis, je travaille, j’écoute.
Tomatis vient pendant.
Jean-laurent m’aimait bien, j’avais de la chance, car il avait ses têtes.
Il nous faisait écouter de la musique, c’est avec lui que j’ai découvert la voix de Teresa Stich-Randall, je me sentais purifier par sa voix.
Car oui je me sentais sale, perdue, j’avais décidé de regarder le fantôme en face et ça n’allait pas se passer comme ça.
J’écoutais la passion de Saint Mathieu de Bach, sa messe en si ( j’aime particulièrement la direction de Philippe Herreweghe ), et le stabat Mater de Pergolèse, en boucle.
Ces œuvres ont un pouvoir sur le cœur, sur l’âme comme un rituel initiatique, un fil d’ariane à suivre, à laisser se dérouler.
On avait été au festival d’ Andreï Tarkovski au cinéma Champo je crois.
Son œuvre que je ne saurai décrire, “carthasistique “a bouleversé mes perceptions du temps, de l’espace et du son. Il a dit lui-même sculpter le temps. Ses personnages entraient en résonance avec ce que je pouvais entendre , vivre au fond de mon être. A chaque sortie de film, le rythme n’était pas le même comme ralenti, étiré. J’ai senti à partir de là qu’au-delà de l’histoire qui peut être la nôtre, il y autre chose de plus grand, derrière, pas si loin.
C’est à travers ses films que j’ai entendu différemment Bach.
Dans ce monde de bruits vides, je recommande d’être au plus dans le silence.
La nature à sa plus belle musique, sans trahire.
Écouter vraiment, entendre une œuvre sans rien faire d’autre est un moyen de se rassembler, de recycler des émotions , des affaires, du vent.
Nous avons fait partie de l’association des amis de Tarkovski que sa femme avait crée, nous allions aux réunions chez elle.
L’idée c’était de se cotiser pour offrir à Andreï une plaque tombale digne de ce nom, une sépulture.
Mon argent a servi à ça aussi.
Quelques années auparavant j’avais rencontré Robert Bresson chez lui, parce que mon petit ami avait joué dans le film l’Argent.
Il voulait me le présenter. Mon petit ami avait refusé d’enlever la bague en argent que je lui avait offerte sur le tournage, au grand damn de Bresson qui était des plus précis dans ses plans.
J’avais vu tous ses films.
Sur l’île Saint Louis dans son appartement, il n’y avait rien, à part un tableau de Max Ernst au-dessus de la cheminée, une tasse de thé sur une table basse, un gâteau aux amandes sur un fond vert d’eau.
La musique dans ses films m’avait aussi marqué même si je trouvais que la mise en image et musique était plus intellectuelle chez Bresson.
La messe en Ut de Mozart dans “un condamné à mort s’est échappé” était presque trop, mais cette messe faisait partie de ma playlist.
Je me souviens aussi d’une scène assez violente dans Mouchette associé au piano qui faisait écho en moi.
Comme si le piano devenait l’instrument de torture…
La mémoire n’est pas que visuelle et selon que l’on est auditif, kinesthésique, olfactif, ou gustatif elle s’engramme différemment dans notre cerveau.
Proust en parle mieux que personne dans son chapitre sur la madeleine ou comment une odeur peut nous transporter.
J’utilise tout ça dans mon accompagnement, j’aime particulièrement travailler avec l’odorat, et le son sens que j’ai développé très tôt.
J’écoutai Purcell “Music for a while”, le père de ma fille Philip Glass.
La musique brésilienne était là aussi. On allait au théâtre.
Mon beau-père aimait beaucoup la musique, surtout l’opéra.
C’est lui qui m’a parlé pour la première fois de Amma Amritanandamayi.
Un monde s’est ouvert là où nous étions dans les années mi-90.
“Cette femme” prenait les gens dans leur bras.
J’avais besoin d’être prise dans de grands bras.
J’ai été voir Amma en banlieue à Paris.
Je décrirai un certain “parcours mystique“ dans un autre article cf.
Comment le cœur exacerbé ne pas être touché par Amma, l’incarnation de la mère divine pour les Indiens d’Inde.
Il n’y a pas qu’elle.
L’univers des bhajans, des mantras est entré dans mon champs sonore.
Nous sommes allés en Inde, c’était notre voyage de noces, dans un ashram cf.
On s’était marié à la fauvette sur une péniche et fait une soirée à l’improviste chez Anne et Bruno Dufourmantel.
Anne faisait sa thèse à l’époque, elle était timide et réservée.
Je n’entendai pas grand chose, tout était confus pour moi, j’étais sous l’aile du futur père de ma première fille.
Il parlait à ma place, parfois trop souvent.
Anne m’entendait, son mari me regardait, la douceur de son regard me faisait du bien…
Nous avons visité la vallée des anges dans le Kerala, là il y avait un orphelinat en construction.
J’étais touchée par les enfants, le manque d’eau , le besoin de construire un puits.
Ils chantaient avant de dîner, il y avait une grande table.
Ils faisaient des dessins sur la terre.
Nous avons décidé de les aider, rentré en France mon mari a monté le dossier, c’était un idéaliste moi aussi, j’avais de l’argent, j’ ai envoyé une belle somme à l’orphelinat.
Je l’ai fait avec le cœur, pas pour me donner bonne conscience.
Nous avons déménagé dans la vallée de Chevreuse, pas question pour moi de vivre à Paris avec un enfant. J’ai vendu Montmartre… erreur… nous avons vécu sur l’argent très vite dépensé.
Une femme seul vivrait dans une petite maison à côté. Elle m’a appris les sons sacré de son maître Japonais.
Nous les chantions ensemble, cela me nourrissait.
J’étais seule dans la maison, je chantais aussi des badjan, je m’occupais de notre fille. Je préparai une pièce de théâtre sur Thérèse de Lisieux et je devais apprendre des chants religieux.
Une amie du cours de Cochet m’avait convaincu d’aller faire un tour dans une communauté chrétienne plus ouverte disait-elle et ou un prêtre charismatique faisait des guérisons.
Un prêtre ouvrier , simple, je m’en souviendrai toujours, le père Jacques Marin .`Nous chantions beaucoup et l’air de sa messe était dense , remplie de grâce.
L’air est fait d’eau et selon comment on le nourrit de mots de musique, de sons il se charge.
Mon cœur s’est ouvert grand, je suis sortie dehors, j’ai eu l’impression de faire partie d’un tout. ( la première cf article mystique)
Une réalisation profonde que tout est lié et qu’il n’y a pas de séparation, un grand soulagement.
Je n’étais pas très porté sur le catholicisme , le prisme familial m’en avait un peu dégoûtée.
Même si de mon fait et habitant pas loin, je faisais des nuits d’adoration au sacré cœur de Montmartre.
J’aimai me retrouver seule , en chemise de nuit dans cette basilique sans bruit.
C’était impressionnant et j’étais assez exaltée.
Il n’y avait pas d’intermédiaire.
J’ai découvert par la suite Sainte Hildegarde par sa musique. Cf article
Lors des stages avec Joe Dispenza, la musique des méditations est partie prenante pour soulager le plomb et le transformer en or.
Dans mon atelier céramique j’écoute beaucoup de musiques binaurales, de musique créé sur la gamme sacré.
Des musiques qui activent la glande pinéale, petite glande maîtresse essentielle pour voir, sentir et pressentir.
J’utilise les sons binauraux dans mes audios que je donne à écouter entre les séances.
Ma grande fille étant musicienne nous co -créons ensembles pour offrir des audios de qualités et uniques.
Les méditations Olfactives sont faites en ce sens. Cf
Si la musique et les sons font partie de l’existence et rythment notre vie, il existe entre chacun , un silence.
Tendre son oreille pour entendre ce silence, et laisser fondre le bruit des peurs qui disparaissent dans l’éternel présent.